À la découverte de la Féréa

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Le berceau (supposé) de l’humanité en Alkymia ! En des temps reculés, ce continent de vastes plaines fertiles abritait le délicat équilibre entre les forces de Vie et de Mort. Pour des raisons inconnues, mais qui semblent naturelles, l’harmonie fut rompue il y a une éternité, penchant en faveur du déclin. Par la suite, l’énergie des Ténèbres a petit à petit supplanté la Mort.

Mais la réelle corruption de la Féréa date d’une guerre dévastatrice, il y a quatre siècles, ayant laissé les populations sans ressources tout en déclenchant la mutation de la faune et de la flore. Se jugeant trahis par les dieux, bien des habitants ont adhéré à une religion inédite (le Nouveau Soleil) qui émergea de ces décombres. À l’image de ses lois rigides, la norme héraldique féréenne impose un blason identique et très complexe pour chaque duché, à base de croix et d’épées, à l’exception des couleurs.

Naikla

Comme cela est souligné en riant (jaune) au cours du roman, il s’agit du plus pauvre des duchés féréens, « malgré une rude concurrence ». Il alterne entre des villes surpeuplées et des campagnes désertées où les gens, méfiants, n’aiment guère les activités de groupe et ont formé des villages par seul souci de leur sécurité. Les Landes Stériles, au nom transparent, occupent une vaste partie de son territoire avec la Plaine des Ruines (jonchées d’anciens hameaux) et le Littoral de la Peur (riche en mutants et en bandits à la petite semaine).

Plus qu’une véritable économie, la société naiklane s’organise autour de la survie, par de maigres cultures, l’élevage de bétail famélique et un artisanat défectueux. La charité imposée par le Nouveau Soleil lui est indispensable. Parmi ses animaux emblématiques : le chien de prairie féréen (goûteux quand il n’y a rien d’autre à braconner) et le terrible varan nihiliste.

Laurent le Prudent, comme nombre de ses prédécesseurs, n’est pas à la hauteur de sa charge ducale. Il vivote lâchement dans son manoir délabré, redoutant le mécontentement pourtant légitime de ses administrés, préférant l’immobilisme pour épargner les maigres acquis de Naikla. La monnaie arbore un symbole de toile d’araignée : l’incarnation du labeur et de la patience, qui sauveront le duché selon le Nouveau Soleil. Ou peut-être de la vétusté… Anciennement, il s’agissait d’une souris, pour l’humilité.

Væld

Si ce territoire possède un pan important de la Plaine des Ruines, et surtout tout le flanc occidental de l’imposante Chaîne des Crocs, la vie se concentre dans son Sud irrigué par l’indispensable fleuve Vældus. Dans ses Collines Putrides, riche en tourbe (pour bâtir ou allumer les cheminées) et en insectes désagréables, le duché parvient tout de même à produire un petit miracle : du vin. Ses vignes adaptées, semblent-ils, aiment les sols vaseux et non les coteaux calcaires arides. Tout naturellement, une grappe figure sur les pièces vældaines. En approchant des montagnes, l’exploitation du minerai et de la pierre lui offre d’autres ressources, mais le manque de partenaires commerciaux lui pèse.

Le duché n’offre pas beaucoup plus de sites d’intérêts. Il occupe la moitié des Sombregrèves, rivages coincés entre les montagnes et l’Infini Austral. Les mouflons des Crocs nourrissent une large partie de la faune, naturelle ou mutante, ainsi que certains humains, tout comme le sambar putride dans les collines. C’est un territoire très pieux, galvanisé par son dirigeant Roméo le Pèlerin ; comme toutes les bourgeoises modestes, celle de Væld essaie de se donner de l’importance en participant aux cérémonies avec faste et entrain.

Par souci économique, pourtant, et en dépit des enseignements de sa secte, Væld accepte la présence d’une race non-humaine : les halfelins. Leur savoir agricole est aussi indispensable à l’entretien des vignes. Enfin, comme à Naikla, la Voie du Voleur (native de Vicanox mais répandue dans tout le continent de nos jours) y trouve de nombreux adeptes. Surtout parmi les sujets rétifs au clergé.

Vicanox

Un duché aujourd’hui tristement célèbre pour ses hors-la-loi qui, selon les mauvaises langues, composent « de quatre-vingts à cent dix pour cent » de la population. À la manière des vautours, son peuple attend son heure de gloire future. Seulement, Mais personne ne sait quel sera le signal de ce renouveau tant espéré. Chaque duc, tour à tour, est persuadé d’être le messie qui guidera la nation le moment venu et reçoit un surnom en conséquence, car il investit de gros moyens dans le culte de sa personnalité (sans rejeter le Nouveau Soleil pour autant). C’est le cas, actuellement, avec Drago le Magnifique.

Autrefois, les spécialités des Vicans étaient la fabrication d’armes – ils en gardent encore quelques secrets et leur monnaie est frappée d’un complexe symbole, une hache et une épée croisée que surmonte un casque – ainsi que l’architecture. D’ailleurs, en plus des Voleurs, il s’agit du foyer de la Voie des Bâtisseurs. Mal vue par le clergé pour une raison obscure et sans doute partiale, elle a migré désormais en Ozimaja. Le duché est enclavé entre les différentes chaînes de montagnes de la Féréa (le lézard à peau-pierre des Crêtes Occultes est la coqueluche des scientifiques), la zone de contreforts entre celles de l’est et une plaine corrompue au nord.

Techdora

En voyant ses écus ornés d’un engrenage, aucun doute n’est permis : Techdora aime la technologie. Ce duché est assez ambivalent, à la fois progressiste son duc est élu pour un mandat parmi les plus brillants inventeurs, même s’il vient d’ailleurs comme Oswald l’Oriental) et traditionnel – car il garde jalousement ses vieilles mécaniques, alliées pour l’artisanat ou la guerre, alors qu’elles tombent en ruine chaque année un peu plus car les secrets de leur entretien ont été perdus. Le Nouveau Soleil reste la religion d’État, bien que boudé par le vulgum pecus car il ne voit pas les machines d’un très bon œil.

Situé entre les Montagnes Noires (où vit le célèbre cougar techdoran) et la Chaîne des Crocs, ce territoire couvre une importante section de l’Ancien Champ de Bataille, la lande dévastée et corrompue où se joua la Dernière Grande Guerre qui ravagea la Féréa. Par conséquent, la population se concentre surtout sur la côte, où on célèbre encore la mémoire des victimes de ce conflit : les Rives des Disparus. Les herbivores placides, comme le saïga septentrional, y trouvent aussi refuge, en laissant la steppe aux prédateurs.

La Voie des Électrophores, manipulateurs de foudre engagés désormais comme mercenaires par le Nouveau Soleil, est native de ce duché et de son voisin Shara. À défaut de faire la chasse aux magiciens, elle est très utile pour repousser les mutants féroces.

Shara

Le duché central est celui où la corruption est la plus forte, car la magie noire canalisée par les montagnes est descendue de l’Ancien Champ de Bataille sur sa Steppe-sans-Retour. Les gigantesques troupeaux de bisons noblecorne d’autrefois ont laissé placé aux mutants et aux wyvernes, ces cousines des dragons souvent dressées par les armées démoniaques. Les Sharans savent aussi les apprivoiser, et elles les aident à chasser ou à se défendre. Une aile et une queue reptilienne de ces créatures sont frappées sur chaque pièce sharaine, en hommage à cette fructueuse collaboration.

Pareille alliance avec des « monstres » est désapprouvée par le Nouveau Soleil, voilà pourquoi ce duché a refusé sa présence et est en guerre officieuse avec tous ses voisins dévots. Et son duc Boris le Belliqueux ne fait rien pour arranger la situation, au contraire !

Bien sûr, il s’agit là des pires résidentes des plaines, mais pas des seules. Le monstre squamifère, le triton des ruines, le coyote cinglé ou le tesquatherium sont tout aussi remarquables… dans le mauvais sens du terme. L’unique relief des steppes est la Mesa de la Nuit ; en son sommet s’étend la capitale.

Tœsa

Abrité en grande partie de la corruption par les Montagnes Noires, ce duché est logé presque intégralement dans le vaste Val de l’Aube, où le fleuve Aubétoile permet la culture de champs prospères (selon les critères féréens, en tout cas). Ayant un fort commerce maritime, donc une ouverture sur les autres territoires, Tœsa a aussi la sagesse de prendre du recul avec les enseignements rigoristes du Nouveau Soleil : bien que cette église soit implantée partout sur son territoire, son discours y était encore dénué de fanatisme.

En de rares occasions, les habitants tentent d’arracher des ressources aux cimes grisâtres, malgré le péril. Les malheureux nourrissent les condors des Montagnes Noires, offrant ainsi un répit à la viscache-cache qui en profite pour se reproduire à grand train.

Parfait exemple d’une Tœséenne (ou plus largement d’une Alkymienne) accomplie, la duchesse Gwladys « la Chanceuse » est une femme d’affaires impitoyable que le capitalisme récompense par de fructueux résultats. Mais, puisqu’elle garde tout pour elle, ses sujets la nomment plutôt Gwladys l’Avare… La monnaie locale arbore, de profil, l’animal emblématique du duché : une belette.

Tonaino

L’autre duché à l’est des Montagnes Noires, et le seul à conserver des forêts sur lesquelles il veille jalousement, quoiqu’elles ne sont pas exemptes de corruption. Outre la menuiserie, ses Bois de l’Apaisement sont une source de fruits frais et de gibier abondant. L’emblème de ses pièces, la feuille de chêne, évoque ces bosquets fertiles. Son rapport à la religion est faible selon l’échelle de la Féréa, mais plus fort que celui de son voisin mercantile Tœsa. Par bonheur, là aussi, les enseignements du Nouveau Soleil n’ont pas encore été trop impactés par les prêches génocidaires de Mère Élisabeth.

Le duc Sylvestre le Simple n’a aucun appétit pour le faste, la nourriture riche et les galas. En revanche, le zoo ducal est sa fierté (et un gouffre financier qu’il remplit en lançant des effets de mode et en vendant les petits de ses animaux exotiques). Au moins participe-t-il à la conservation de certaines espèces en danger. En revanche, puisqu’il est interdit à tout autre qu’un Tonaiste de quitter les ports, rares sont les civils ou les savants qui peuvent en profiter.

Ce duché possède aussi une section à l’ouest des Montagnes Noires, un bout de plaine aride ou par endroits marécageux, hanté par les carnassiers tel le loup d’acier. La communication avec la capitale étant difficile, s’y est développé un État autonome bien que non reconnu par la Fédération.

Blashar

Le « loup déguisé en agneau » (l’emblème du duché) est le résumé idéal pour ce territoire pauvre et isolé, le bastion et siège historique du Nouveau Soleil. Sa campagne, des collines arides sous un climat méditerranéen et baptisée les Rivages Purifiés, est presque vide : toute l’activité se concentre sur les rives du fleuve Rédempteur et de sa Vallée des Saints. Comme tous les ducs avant lui, Ulrich le Patriote est vendu au clergé et, maintenant que Mère Élisabeth en a pris la tête, n’est qu’un pantin sans volonté entre ses mains.

Portés par leur foi, les Blashiens fanatisés endurent sans se plaindre la misère de leur existence. Au moins, la piété du peuple et les prières de ses clercs repoussent le plus souvent les terribles créatures (notamment les ténébrosaures) qui hantent les Contreforts Sanglants ou tentent de traverser les Montagnes Noires.

La Voie des Paladins y est née, et a rapidement été récupérée par le clergé afin de disposer d’une force armée. Censée repousser la corruption et aider les indigents, elle est devenue depuis cinquante ans une milice traquant toute forme de magie pour la détruire, quitte à user de la violence envers les populations innocentes.

Ozimaja

Pour tout Féréen qui se respecte, c’est « l’ennemi », du moins selon le Nouveau Soleil. La sorcellerie fait partie intégrante du quotidien de ses habitants, bien des mages ayant participé à la destruction du continent lors de la guerre en étaient natifs ou y avaient été formés, et ce territoire offre l’asile à tout enchanteur ou créature surnaturelle pourchassée par l’église ou les superstitieux. Ses frontières sont renforcées par pléthore de maléfices, afin de dissuader les zélotes de Blashar. Les Crêtes Occultes et les Contreforts Sanglants (riches en prédateurs) constituent déjà un fieffé rempart naturel.

Des savanes et pampas, les Marches-des-Esprits, forment le cœur vibrant de la civilisation ozimane. Parmi ses animaux emblématiques : des chevaux sauvages, des cerfs, des antilopes et le majestueux jagessipe, un grand félin qui était l’emblème du territoire avant la guerre. Depuis, la magie ayant pris le pas sur tout le reste, les monnaies sont frappées d’un mystérieux masque en flammes. Cette nation compte aussi sur ses ports, puisque les duchés féréens refusent toute affaire avec elle.

D’ordinaire, la magie et le pouvoir ducal doivent demeurer distincts. Face à la politique extrémiste de Mère Élisabeth, toutefois, le duc Réginald a été initié aux arcanes de l’occultisme oziman, gagnant le surnom « d’Éclairé ». La Voie du Houngan, très vaguement inspirée de la magie vaudou, est la manière la plus répandue – mais il y en a de nombreuses autres – de manipuler les forces surnaturelles à Ozimaja.