Sachez qu’il existe quatre types d’entités dans l’Univers matériel (tel que vu par les Gardiens), en excluant donc les émissaires du Vide.
– les créatures charnelles, dites « les mortels », de loin les plus nombreuses. Elles ne sont ni éternelles ni invincibles et peuvent se reproduire car elles ont des gènes. Il arrive fréquemment que l’on confonde des êtres mortels (comme les nymphes ou les fées) avec des esprits.
– les créatures démoniaques. À l’origine, les démons étaient des êtres envoyés par les « consciences du Vide » pour aspirer la force vitale de l’Univers. D’aspect chimérique, doués de capacités physiques extraordinaires mais dénués autant de magie que d’intelligence, ils suivaient leurs instincts. Il n’en reste plus beaucoup dans cet état aujourd’hui. Puis les dix-huit Rois des Démons sortirent du Grand Chaos : eux étaient liés aux Ténèbres et ne voulaient plus détruire l’Univers, mais le dominer. On les nomma également démons car ils en étaient très proches génétiquement. Ils parvinrent à corrompre les démons primitifs et ceux-ci, en échange de pouvoirs occultes, renoncèrent à leur force et leur forme bestiales pour acquérir un corps humanoïde. Ils devinrent les êtres vicieux et sournois que nous connaissons. Les démons infusés de Ténèbres sont désignés comme « créatures démoniaques supérieures » mais il existe aussi des créatures « inférieures » : des aberrations nées de maléfices pour faire le sale travail à leur place (elles ne peuvent survivre plus de quelques jours), ainsi que les démons primitifs ayant refusé le pouvoir des Ténèbres.
– les créatures divines. Avant le Grand Chaos, cette race n’existait pas : seuls les fées, les licornes et quelques esprits avaient de la Lumière en elles. Puis apparurent les dieux « primordiaux » ou « originels ». Individuellement ou à plusieurs, ils fondèrent différents panthéons avec leurs enfants (bien qu’ils portent parfois d’autres noms, comme les Titans grecs). Tout être ayant un lien de parenté avec eux est classé dans les « créatures divines supérieures » (sauf les demi-dieux), même s’il n’a pas de forme humaine, et est donc tout à fait immortel : si on le détruit, il pourra renaître dans une durée allant de quelques heures à quelques mois (selon une multitude de facteurs). Cette invulnérabilité ne disparait qu’en des circonstances très précises : par exemple, si le dieu n’a plus un seul croyant, s’il est touché par le Chaos, ou simplement si son échelon est très bas. Les « créatures divines inférieures » sont les auxiliaires conçus par les dieux, comme les anges (ce terme n’est pas réservé aux religions « abrahamiques », de nombreux panthéons partout dans l’Univers en ont aussi). Celles-là ne sont pas invincibles et leur durée de vie est fixée par leurs maîtres.
– les esprits. Ils peuvent être liés à n’importe lequel des vingt-quatre éléments, y compris la Lumière ou les Ténèbres. Mais à l’inverse des trois autres, ils n’ont pas de gènes (à l’exception des Gardiens, initialement humains). Malgré cela, certains esprits supérieurs parviennent à se reproduire et leur enfant peut aussi bien être un esprit qu’un dieu ou un démon ! En outre, ils sont éternels, même si les esprits inférieurs finissent par redevenir des pierres ou de végétaux en ne conservant qu’un vestige de leur ancienne identité, ou se réincarnent dans des animaux ordinaires. Un retour à la nature comme un autre. La distinction entre esprits « supérieurs » et « inférieurs » se base sur leur seule puissance et reste donc subjective.
Parmi les « inférieurs », on discerne en réalité trois niveaux : les Esprits Inhérents (consciences confuses et incorporelles, perpétuellement engourdies, liées à des objets ou des lieux) ; les esprits essentiels (composés d’énergie, invisibles, impliqués dans les phénomènes naturels comme la croissance, la pluie, le vent ou l’inspiration) ; les esprits « vrais », corporels et détaillés plus haut.
Après cette longue introduction, passons au sujet principal de cet article. Chez les « créatures divines supérieures » (c.-à-d. les dieux), on évoque parfois le concept d’échelon divin. Cela correspond tout simplement à leur génération : échelon 1 pour les dieux primordiaux sortis du Grand Chaos, échelon 2 pour leurs enfants, échelon 3 pour leurs petits-enfants… Comme partout, la puissance magique se perd à chaque génération : à âge égal, un dieu d’échelon 2 aura plus de potentiel qu’un dieu d’échelon 3, par exemple.
Mais l’ancienneté compte beaucoup dans le pouvoir d’un dieu. Cela va aussi dépendre de son domaine de compétences : en effet, un dieu ne naît pas prédestiné à gouverner la mer ou les récoltes. Bien que l’hérédité joue un rôle dans ses attributs, cela résulte avant tout de son choix, en rapport avec sa personnalité. Cela explique pourquoi on peut retrouver, dans un même panthéon, plusieurs dieux se partageant un domaine.
Le plus grand facteur influant sur le pouvoir d’un dieu, toutefois, reste son nombre de fidèles, d’où leurs incessants efforts pour en avoir plus. Cette force est catalysée dans un Joyau de Vie, le bien le plus précieux d’un dieu, indispensable pour qu’il déploie ses dons. Les dieux primordiaux n’en ont pas, car ils peuvent se passer de cultistes – et, en général, ils sont mentionnés dans les légendes mais il n’y a pas de temple en leur honneur.
Chez les « créatures démoniaques supérieures », il y a un système de classement un peu plus complexe. Déjà, il marche à reculons : le rang 14 est le plus bas, le rang 0 le plus élevé. Ensuite, même si un premier rang lui est fixé en fonction de sa puissance, un démon peut évoluer dans cette hiérarchie en fonction de ses actes en faveur de la « cause », selon une fourchette préétablie à sa naissance (cela dépendra notamment de sa parenté et de la sous-espèce à laquelle il appartient).
Du rang 14 au rang 8, on parle de « démons inférieurs ». Le rang 14 ne regroupe que les diablotins. Les rangs 13 à 10 rassemblent des démons de faible envergure que même un humain lambda peut affronter. Les rangs 9 et 8, bien qu’étant toujours des inférieurs, deviennent des défis trop durs pour le premier mortel venu : il devra faire preuve de chance, de réflexion ou de talent pour en triompher.
Ensuite, les rangs 7 à 3 sont les démons « intermédiaires ». La menace est encore limitée pour les rangs 7 et 6 mais, au-delà, on tombe sur des démons susceptibles d’asservir une grande ville voire un pays à eux seuls. Il faut confier leur élimination à des experts.
Arrivent enfin les rangs 2 à 0, les démons « supérieurs » ayant le pouvoir de dévaster un monde pour régner sur ses cendres et le rebâtir à leur image. Ce sont les seuls démons véritablement éternels. Le rang 2 est une promotion (un surplus de capacités) offerte par les rangs 1 ou 0 à un démon de rang 3 s’étant particulièrement illustré dans la propagation du Mal. Le rang 0 est exclusif aux dix-huit Rois des Démons, tandis que le rang 1 regroupe leurs enfants, les « princes/princesses-démons ».
À noter qu’un Roi des Démons ne peut pas engendrer plus de six descendants et toujours dans des conditions spéciales (déjà, il faut une démone assez forte pour tolérer l’accouplement puis la grossesse jusqu’à son terme, sachant que l’accouchement lui coûtera obligatoirement la vie). Ça limite heureusement le nombre de princes-démons à affronter. Il n’est pas rare de voir une armée entière de prêtres ou de paladins faire face à un seul démon supérieur, souvent au prix de lourds sacrifices.
On peut tuer un rang 2 mais, à moins de posséder les pouvoirs d’un dieu ou d’un esprit né du Grand Chaos (ou encore plus vieux) pour anéantir leur essence, l’unique moyen de se débarrasser des Rois et des princes démoniaques consiste à leur jeter un sort de bannissement… qui sera, hélas, passager.
Mes derniers travaux font apparaître un nouveau genre d’entités, supposé mais jamais rencontré, les « autres ». Résidant dans les profondeurs les plus obscures de la terre depuis le début des temps, n’ayant jamais expérimenté ni le bruit ni la lumière, elles sont réputées être d’une considérable ancienneté et dès lors d’une puissance redoutable. Loin des règles connues, elles pourraient être des esprits, des démons primitifs, des créatures charnelles… ou quelque chose à part, sans équivalent à la surface. Même les Gardiens, le plus souvent, écoulent leur vie sans les rencontrer et ignorent donc tout de ces choses. Hélas, puisque je ne sais moi-même pas quoi en faire, il vous faudra attendre un moment pour les découvrir !
