Riche en énergie terrestre qui la rend fertile mais difficile à dompter, l’Arboréa est principalement couverte de bois. Les Arboréens sont fiers de leurs traditions, sur lesquelles ils veillent jalousement. À l’exception des ports, en effervescence, la vie y est plutôt tranquille, au rythme lent du temps qui passe. Tous les blasons des territoires humains ont un fond vert garni d’un arbre doré et surmonté d’un bandeau bleu, mais l’ornement sous les racines et celui occupant le chef varient.
Toeel
Le plus petit duché d’Arboréa, au nord-est. Son climat est plutôt rude (surtout l’hiver), similaire au Canada dans notre monde. Il se découpe en deux zones : une futaie clairsemée près des côtés (la Forêt Champignonneuse, où les promeneurs font régulièrement leur cueillette) et une partie plus dense (la Forêt Linceul, sombre mais moins dangereuse qu’il n’y paraît).
Sa capitale est Voileblanche, mais le port le plus actif se trouve à Vertemuraille. C’est le seul endroit où apprendre la Voie du Camelot, qui développe les compétences en commerce et enseigne à enchanter les compartiments pour transporter facilement une importante quantité d’objets. Venus par la mer, une grande diversité de races y logent : farfadets, humains, dryades, hommes-bêtes, halfelins, gnomes, minotaures…
Sur son blason, on retrouve une abeille immaculée (l’emblème également gravé sur les pièces) et trois navires, blancs eux aussi. Les Tooeliens sont dirigés par la famille Zimmerman ; l’ancien duc inapte et avide est décédé il y a peu, laissant place à sa fille à peine adulte Osmonde « la Jeune », qui – elle ! – est sincèrement soucieuse du peuple.
La fortune du duché est assurée par ses arbres vénérables, des essences très recherchées pour la menuiserie et les bois de charpente. On y trouve le rossignol à ventre noir, le renard dresse-plumeau, le crave des futaies, l’écureuil toeelien à bande claire…
Maculosa
Le duché le plus pauvre d’Arboréa, à l’est, en grande partie établi sur des territoires marécageux. Il a souvent eu la velléité de s’étendre, mais les autres nations ont toujours jalousement gardé leurs frontières, laissant à son peuple les terrains boueux dont personne ne voulait. Les premiers habitants étaient en effet des criminels, tapis dans les vasières pour échapper au guet. La Tourbière Mystifiante, surélevée sur un plateau, est interdite aux humains tandis que le Marais de la Pénombre contient quelques champs et des hameaux misérables. Maculosa possède néanmoins une part de bocage : au nord avec les Bois Obscurs (continuation de la Forêt Linceul) et à l’ouest avec un pan des Bois Brumeux.
À cause du manque d’activité dans l’arrière-pays délaissé, les maculistes s’entassent dans les villes côtières, notamment la capitale Pum Barham. La principale manne du duché vient du commerce à travers la Mer Plénitude ou via la Route du Sable (ainsi que des taxes prélevées dessus, pour les aristocrates). Ce duché forme à la Voie du Pisteur, qui accroît la sensibilité à la nature et apprend à lire par instinct des traces, des empreintes, des crottes… Mais un Pisteur expérimenté saura utiliser la magie pour se camoufler, ainsi que masquer son odeur et le bruit de son pas.
Le blason arbore une hure, car l’animal emblématique est le « sanglier des marais » à quatre défenses. Dans la forêt errent aussi des loups arboréens en quête de proies faciles. La pauvreté est accrue par une importante corruption des figures d’autorité, notamment le duc débonnaire Sidoine Sudoriporc et ses cousins possédant une Maison à leur nom (chose normalement prohibée pour éviter les conflits d’intérêts). Les lois partiales et pourtant appliquées avec un zèle excessif poussent les gens à se renfermer, de fait il y a peu de mixité de races à Maculosa (les créatures des bois y restent, les humains occupent le marécage).
Geki Croa
Partie orientale de l’ancien royaume de Geki, une terre de forêts chaudes au sud-est du continent. Sa spécialité : la magie, sous toutes ses formes. Si le peuple n’est pas réellement pauvre, il y a un important clivage entre lui et la bourgeoisie qui a réussi grâce aux arts occultes, à l’instar du taciturne duc Ernest le Grave. De toute façon, la sorcellerie ne fait plus recette, le commerce a primé dessus. La mainmise des clergés est aussi particulièrement déterminante, pour contrebalancer les ensorceleurs en roue libre. Parmi les sites remarquables : sept grands sanctuaires, dont certains sont aujourd’hui en ruines, qui furent érigés par le comte Hulov (qui deviendra le premier roi de Geki vers la fin de sa vie) en pénitence pour les fautes de sa lignée cruelle.
Le Bosquet de l’Essor est la zone de futaie la plus clairsemée, où de nombreux oiseaux sédentaires ou migrateurs nidifient au printemps. Un trésor pour les naturalistes, mais aussi pour les chasseurs. À l’ouest, le Bois des Corbeaux (plus dense) est le bastion des enchanteurs crowais, surnommés d’après cet oiseau occulte, qui est également le symbole de leur duché et sur leurs pièces. Au nord se trouve la Forêt de Minuit, corrompue par une importante magie noire, où s’aventurent seulement les contrebandiers et les désespérés. S’y terre cependant une population de Cinghialis, insensibles aux Ténèbres, sur un territoire offert par les descendants d’Hulov.
Une part de l’économie est dédiée au commerce, avec la Route du Sel ou les grands ports comme Vieillesherbes, mais la capitale est bien Scath. On y forme des Acrobates, qui utilisent des capacités surnaturelles passives pour améliorer leur souplesse, leur équilibre, leur dextérité et leur puissance lors d’efforts intenses (typiquement : les sauts en hauteur ou en longueur). La fracture sociale, couplée à la gouvernance rigoriste d’Ernest le Grave, conduit plusieurs races à cohabiter mais sans se mélanger, chacune dans son quartier.
Geki Sora
Plus sauvage et tropical que son voisin, grâce au courant chaud baignant ses côtes. Il occupe tout le sud de l’Arboréa et est célèbre pour les différentes espèces de gros reptiles hantant ses bois. Des petits et des grands, herbivores ou carnassiers, tous domestiqués pour diverses tâches : porter des messages, chasser, être chevauchés, tirer de lourdes charges, faire la guerre… Ils sont naturellement devenus l’emblème du duché, au point que les monnaies soranes figurent une empreinte de lézard sur leur recto.
Il s’agit d’un territoire assez fermé : autosuffisant, il commerce peu et tolère mal les étrangers, au demeurant ceux-ci ne sont pas nombreux à s’aventurer dans une jungle infestée de sauriens sauvages. Les Sorans vivent chichement mais s’en portent bien. En outre, ils sont très fiers et gardent jalousement leurs secrets, mais font du profit en « louant » aux scientifiques un temps d’étude sur les multiples ruines de leur nation. Seule la haute pyramide au cœur de la capitale, Phaganax, est interdite à tout autre que le clergé (pas même le duc belliqueux, Gérald « la Lance »).
Une partie du Clairbois lui sert de frontière ouest, mais la population se concentre dans la Jungle des Anciens, où vivent les fameux lézards géants. Les spécimens plus petits rôdent à l’est, dans le Bosquet Rugissant qui s’étend jusqu’au Ravin des Rois. Dans les temps anciens, quand le royaume de Geki était encore unifié, la capitale se trouvait dans les parois de cette vallée sculptée des statues de leurs plus grands monarques. Aujourd’hui, il n’en reste que des vestiges effondrés. Héritage de ce lointain passé, la Voie des Acrobates y est aussi enseignée, comme à Geki Croa.
Florâme
Le duché de l’ouest arboréen, dont l’emblème est la rose. Les Florâmistes sont des pacifistes notoires, privilégiant les arts et la philosophie, et sont aussi très pieux. Un bon tiers de leur population est composé par les nymphes et les satyres, mais ils se mêlent rarement aux humains. Néanmoins, comme ils résident le long des frontières, c’est grâce à eux (et à leur élixir secret anéantissant toute velléité belliqueuse) que la nation fut protégée des agressions extérieures des siècles durant. Habile politicien, Ghislain le Doux continue à garantir son indépendance.
Territoire historique des dryades, un petit morceau du Clairbois appartient à ce duché. Tout l’arrière-pays, à proximité du fossé d’effondrement où se loge la Forêt des Géants (dans le royaume elfique), est une zone collinaire baptisée Vaux Fleuris. Ses ressources minières, quoique modestes, sont un atout commercial non négligeable pour la nation. En se rapprochant du Grand Océan, le relief s’aplanit pour devenir les Basses Terres, de vastes prairies d’élevage et d’agriculture qui en font « le grenier de l’Arboréa ». La capitale, Beausoleil, y trône fièrement.
La faune, si elle n’est pas franchement hostile, n’est pas dans d’aussi bonnes dispositions que les habitants. Le corbeau des collines est censé porter malheur, et le coyote larron fait de régulières maraudes dans les fermes. Les Florâmistes sont de talentueux apothicaires et, du fait de leur piété, détiennent les secrets de la Voie du Gyrovague, un guérisseur errant capable d’amplifier temporairement les aptitudes physiques et magiques d’autrui par la prière.
Totefrourá
Si les Florâmistes sont proches de la flore, les Rolóis (le gentilé local) le sont des animaux. Et pour cause, une concentration exceptionnelle d’esprits bestiaux habite leur territoire. Hommage leur est rendu sur les monnaies, frappées de trois griffures parallèles. Très vite, les mortels ont dû apprendre à ne pas les froisser, mais aussi à faire alliance avec eux pour trouver de la nourriture, construire des villes et se protéger. La faune, même celle « non magique », n’est pas tendre. Le plus grand prédateur est un grizzly endémique, l’ours rolói.
Comme tout mortel, chaque Rolói a un animal dit « totémique », un esprit chargé de leur préservation. C’est tout spécialement grâce à lui que ce peuple a pu s’en sortir. Pour entrer en contact avec lui, ils ont développé des techniques de méditation avancée. Ils ont aussi inventé la Voie du Dresseur, qui permet de communiquer cœur à cœur avec les bêtes pour obtenir leur confiance, mais les experts peuvent directement leur imposer leur volonté – c’est très mal vu. Le duché est presque autosuffisant et acquiert le peu qui lui manque par le commerce à travers le Grand Océan.
Dans la continuité des Vaux Fleuris, l’ouest de Totefrourá est un réseau de combes avec des ressources de charbon et de métaux, les Collines d’Argent. La capitale, Spiorad, est logée dans le lit de l’Airgead. S’y trouve aussi le point culminant du continent, la Butte de Montgazon, source de trois fleuves. À l’est, par contre, c’est la Futaie du Printemps Éternel : une forêt caduque mais qui, en effet, ne connaît jamais la sénescence grâce aux esprits qui y vivent et y instaurent un microclimat. Leurs tendances territoriales découragent l’implantation durable des villages dans ce bois, et même les voyageurs préfèrent le contourner par la mer.
Thanewë
Le royaume des Hauts-Elfes et des Elfes sylvestres, au cœur du continent. Tout l’Arboréa leur appartenait jadis mais, désintéressés des relations extérieures, ils ont cédé les côtes aux humains avant de petit à petit rétrécir leur territoire sur leurs zones sacrées. Avant tout la Forêt des Géants, dans un cratère à l’origine mystérieuse, dont chaque arbre est trois fois plus haut que le plus grand des palais. En leur centre s’élève l’Arbre-Père, aussi ancien que le monde (selon la légende) et irradiant un pouvoir divin. Dans ce refuge où ne se rendent que les prêtres, la nature peut prospérer en toute liberté, y compris le lynx royal (en voie de disparition).
Au nord se trouvent les Bois Brumeux, partagés avec Maculosa, et formant une efficace frontière contre leurs voisins humains particulièrement avides. La rumeur, là encore, veut que le brouillard soit né de sortilèges elfiques à cette seule finalité. Bien que le nom soit différent, c’est le même type de bocage qui s’étend au sud-est sous l’appellation Bois Sinistres, et elle n’est pas plus dangereuse. Grâce à des rubans enchantés, les incursions de créatures corrompues de la Forêt de Minuit sont en effet très rares.
L’étincelante ville royale, Hautesente (ou Belegámbö en langue elfique), se dresse au sommet des collines à la conjonction de ces trois régions. Elle abrite 60 % de la population, au demeurant assez limitée. Si les visiteurs sont surveillés de près à Thanewë, il est impossible d’entrer dans la capitale sans invitation officielle de l’une des nobles familles. Les relations commerciales s’arrêtent avant, dans des comptoirs d’échange. Les Elfes ont tout de même accepté de « s’abaisser » en frappant la même monnaie que les humains, où figure l’emblème de la lignée dirigeante, un cerf à ventre pâle.