Parce que je vous aime bien, je vais me livrer à un exercice que, lui, je n’aime pas du tout : parler de moi ! Et, comme c’est difficile, procédons par élimination.
De façon évidente, je ne donne pas dans l’art visuel, la musique, l’artisanat… Mais suis-je littérature pour autant ? Aux yeux des institutions françaises poussiéreuses, qui plébiscitent seulement les classiques qu’on dit avoir aimé pour épater la compagnie (sans les avoir ouverts), qui refusent toujours de considérer les « genres » (surtout l’imaginaire), la réponse est non. Car clairement, la fantasy n’occupe pas un grand rayon en librairie et est absente de toutes les émissions « sérieuses ». En société, il n’est pas acceptable de revendiquer un amour pour l’imaginaire. Pour les gens éclairés, cependant, ceux qui savent qu’on ne peut pas comparer Tolkien et Balzac car chacun a ses qualités et ses défauts, et donc qu’il n’y a pas de « sous-littérature », la réponse est plutôt oui. Modestement, mais oui.
Conséquence de cela, je ne suis pas l’un de ces auteurs qui écrivent par appât du gain des livres creux à vocation bêtement commerciale, par pure démagogie, venant des grandes « écuries ». Tenter de s’imposer sur la scène littéraire sans avoir le parrainage des éditeurs avec pignon sur rue, c’est presque suicidaire. En tout cas, bien des médias ou des administrateurs de festivals viennent vous le reprocher, on en vient à se sentir hors-la-loi. Je n’aurais jamais imaginé finir fier d’être « pirate » ! Je suis d’autant plus free-lance que, si je glisse quelques réflexions personnelles dans mes romans, je n’appartiens à aucune école de pensée, aucun parti politique, aucune religion, mon écriture n’est pas orientée pour soutenir une idéologie. A ma maigre portée, je tire la sonnette d’alarme sur certains sujets d’actualité, j’incite les gens à se poser des questions. Désolé (ou pas !) si je dérange.
J’aime aussi cultiver un langage un peu recherché, correspondant aux sociétés du passé où se passent mes histoires, sans tomber dans les tournures insipides et exagérément lourdes de la littérature médiévale. Pas d’embourgeoisement, pas de poésie mielleuse : je parle à des gens du XXIe siècle. Même si ce n’est pas forcément à ceux qui s’éduquent à l’école des réseaux sociaux. De même, si j’intègre des éléments culturels (surtout avec Les Chroniques du Nouveau-Monde), j’essaie de rendre cette connaissance attirante. Pas question d’écrire un dictionnaire, un concentré de baratin écœurant.
Qui suis-je ? Un auteur sincère dans sa démarche, honnête dans son écriture, sans autre intention qu’instruire et divertir, qui en plus commence à avoir son petit succès. Ça devient une denrée rare !